La destinée de la fraise
de PLOUGASTEL
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" On y cultive des campagnes entières dune espèce de fraisier différent du nôtre par les feuilles plus arrondies, plus charnues et fort velues. Ses fruits sont ordinairement gros comme une noix, et quelquefois comme un uf de poule. Ils sont dun rouge blanchâtre et un peu moins délicats au goût que nos fraises de bois. Jen ai donné quelques pieds à M. de Jussieu pour le Jardin royal, où lon aura soin de les faire fructifier ". (Amédée Frézier, Voyage de la mer du sud) |
La France et la commune de Plougastel doivent lintroduction de la fraise du Chili à Amédée-François Frézier, ce Savoyard dorigine, que rien ne prédestinait à devenir coureur des mers. Pourtant, le 23 novembre 1712, le bateau marchand St-Joseph quitte le port de Saint-Malo avec à son bord, A-F.Frézier, officier du Génie maritime. Il lui incombe de mener une opération despionnage dans les ports espagnols de la côte occidentale dAmérique du Sud. Sur différents vaisseaux, il parcourt, en faisant de longues haltes, le littoral chilien ainsi que péruvien, jusquà la latitude Callao. Au début du mois doctobre 1713, il entreprend le voyage de retour et, de nouveau sur le St-Joseph, il débarque le 17 août 1714 à Marseille.
Lors de son passage à Concepcion, sur la côte chilienne, Frézier, observateur intelligent et curieux des pratiques agricoles, est attiré par la fraise autochtone, quil ramènera en France, deux ans plus tard, au prix de soins méticuleux durant la traversée.
Amédée Frézier, Voyage de la mer du sud, Editions Utz, 1995, p. 36. |
Du jardin royal, en passant par le jardin botanique de Brest, le hasard mène, en 1740, la fraise du Chili dans la presquîle de Plougastel. Bénéficiant dun climat océanique dune douceur exceptionnelle, similaire à celui du berceau dorigine de la fraise chilienne, cette commune sera la première à la cultiver.
Son implantation déclenche une véritable révolution "agri-culturelle " dans le village. Cest en effet autour du savoureux petit fruit rouge, devenu ressource essentielle, que sorganise la vie des plougastells. Jusquen 1940, la commune produit le quart de la production française, exportant vers Paris, puis vers lAngleterre : on parle de " lâge dor de la fraise ". Mais, après la Seconde Guerre Mondiale, le manque dévolution des techniques de production, labsence de recherche agronomique et de main duvre entraînent un déclin inexorable du marché.
Pour contrer cette mort annoncée, le 7 juin 1996, le fruit rouge fait lobjet dun plan de relance, et en 1997, le Musée de Plougastel devient " Musée de la Fraise et du Patrimoine ", musée unique en France. Sous limpulsion de la région, du département et de la commune, une ère de renouveau sannonce.
Pour que la fraise, à la manière de Montélimar et ses nougats, redevienne associée au nom de Plougastel.
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