
Femme mapuche jouant du kultrun |
"Quand la "machi" (femme qui communique avec les dieux de la vie)
tient le kultrun comme l'univers soutient la terre, l'espoir renaît."
Léonel Lieulof,
jeune poète mapuche.
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Les Mapuches, comme ils s'appelaient eux-mêmes (Mapu = terre
; Che = peuple), occupaient la région centrale
du Chili jusqu'à l'île de Chiloé, lorsque débarquèrent,
en 1540, les conquistadors espagnols sous les ordres de Pedro de
Valdivia.
Durant près de 300 ans, les Mapuches résistèrent
farouchement aux autorités colonisatrices. Si les Espagnols
n'ont jamais pu anéantir ce peuple fier et rebelle, c'est
sans doute parce que ces derniers, contrairement aux Incas et aux
Aztèques, n'étaient pas rassemblés sous le
pouvoir d'un roi unique que les colons auraient pu capturer pour
déstabiliser toute la nation. De plus, les Mapuches n'avaient
ni ville, ni village, que les conquérants puissent raser
: ils déplaçaient leurs rucas (hutte) en fonction
de la saison, des possibilités de pêche et de chasse
de la région.
Aujourd'hui, le " peuple de la terre " bénéficie
des miettes de ce qui constituait autrefois leur territoire : 400
hectares sur les 3,5 millions qu'ils occupaient à l'arrivée
des Espagnols. Depuis 1845, différentes lois créées
par le gouvernement chilien n'ont cessé de les affaiblir
:
"Ce que nous avons gagné
avec la civilisation qu'ils prétendent nous avoir apportée
est de vivre entassés
tels des grains de blé dans un sac"
Lorenzo Coliman
1850 : Programme de colonisation : on fait signer des actes
de vente aux Indiens en échange de sommes dérisoires.
1912 : L'Etat attribue à chaque clan des parcelles
de terre, en général de piètre rendement, enfermant
ainsi les Mapuches dans des réserves, les reducciones.
1970-1973 : Réforme agraire du président Salvador
Allende : les terres sont rendues aux Mapuches, (6 600 000 hectares
au profit de plus de 100 000 familles).
1973-1989 : Sous la dictature du général Pinochet,
les Mapuches sont la cible des répressions militaires : 2
000 communautés disparaissent.
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